Triskel
Le triskèle, également orthographié triskell ou triskel (en breton) ou appelé aussi triskelion ou triscèle (du grec τρισκελης / triskelês, « triskélès » qui signifie à « trois jambes »), est un symbole représentant trois jambes humaines, ou trois spirales entrecroisées, ou encore tout autre symbole avec trois protubérances évoquant une symétrie de groupe cyclique.
Le sens de rotation du triskèle peut être horaire ou anti-horaire, revêtant une signification différente selon le contexte.
Utilisation
Le symbole se rencontre depuis le Néolithique dans diverses cultures et à différentes périodes. Les plus anciennes représentations se trouvent sur les temples mégalithiques de Malte. On peut trouver ce symbole au tombeau néolithique de Newgrange daté de 3 200 avant notre ère, sur le site de Brú na Bóinne, en Irlande. Sous forme de gravure, il est présent à plusieurs endroits notamment sur une des grandes pierres placées de chant devant l'entrée du monument. Ce symbole a été sculpté 2500 ans avant la présence celte en Irlande, mais qui connaissait les premières vagues du Campaniforme, en évolution linguistique vers le celtique. Le triskèle est utilisé aussi pendant l'antiquité grecque. À partir d'Agathocle de Syracuse, il figure sur les monnaies en Sicile, île à trois caps, dont il devient le symbole. Ces régions sont exemptes de tout passé celtique.
Ce qui est sûr c'est que le Triskell est devenu le symbole Interceltique le plus répandu.
Son origine est très ancienne, il est antérieur à -400 av JC... C'est un symbole qui a toujours été très utilisé par les celtes.
Hautement symbolique, il connaît un regain d'intérêt dans les années 1970 car utilisé par nombre d'artistes bretons comme le chanteur Alan Stivell.
Signification
D'après l'archéologue et historien, spécialiste des Celtes, Venceslas Kruta, la nature solaire du triskèle étant « généralement reconnue », il est probable qu'il représente dans l'iconographie celtique les trois points du mouvement d'horizon du soleil : le lever, le zénith et le coucher. La qualification de « rapide » ou « aux pieds rapides » est l'une des qualifications traditionnelles du Soleil dans le monde indo-européen. Le déplacement du soleil est représenté par une roue claire, dont l'une des formes dérivées est, selon Jean Haudry, le triskèle.
Le triskèle représente aussi l'unité des sociétés celtes autour de trois castes principales : celle des bardes/druides (pouvoir spirituel), rois (pouvoir temporel) et paysans/artisans (pouvoir matériel), ce qui correspond à l'organisation théorique de la société védique, avec les brâhmanes (« druides-bardes » qui prient lors des trois jonctions du jour), kshatriya (rois, gendarmes) et vaishya-shudra (paysans-artisans-serviteurs), division des tâches sacrées qui est elle-même symbolisée en Inde par le svastika aux quatre branches, qui représente aussi les jonctions du jour (mais au nombre de quatre : aurore, zénith, crépuscule et éveil/bouddhéité) ; le tryskèle est l'équivalent européen du svastika, la religion des Celtes étant, par ailleurs, très proche dans sa métaphysique, de l'hindouisme, cette dernière tradition étant elle aussi un animisme où les dieux, forces de la Nature ou puissances surnaturelles, peuvent prendre une apparence animale, en tant que bête réelle ou sous la forme des idoles vénérées (la religion celte, selon Gerhard J. Bellinger, représentait à l'origine ses dieux exclusivement sous forme d'animaux).
Le Triskell, avec ses courbes, est symbole de dynamisme, d'enthousiasme, contrairement aux croix figées. La rotation du triskell a une signification. Les branches d'un Triskell doivent toujours tourner dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, qui est le sens sacré (paix). Lorsque les branches d'un Triskell ne tournent pas dans ce sens-là, on dit que c'est signe de guerre ou de conflit (sens maléfique).
Le chiffre 3, pour les païens de l'époque, permettait de donner vie à un souhait ou à une invocation rituelle. Le principe sur lequel ceci repose est le suivant : 1 + 1 = 3. Ceci signifie que, de l'union du principe masculin et du principe féminin naît la vie, la descendance. En d'autres termes, l'union d'éléments complémentaires génère une nouvelle vie. Ce même principe trinitaire est largement répandu dans la littérature : thèse, antithèse, synthèse. Dans ce contexte proposé à titre d'exemple, la synthèse naît de l'union entre la thèse et de son opposé (l'antithèse). En résumé, le chiffre 3 permet d'activer un concept ou un souhait.
La forme circulaire du triskel est liée à un principe de vie et à la notion des cycles naturels : vie, mort, renaissance. Un principe cyclique qui veut que tout naît, meurt puis renaît. Dans toutes les traditions païennes, la vision de la vie et du destin est cyclique et non linéaire, comme chez les monothéistes.
La signification du triskel, et principalement son aspect trinitaire, fut prépondérante dans les panthéons polythéistes, plus particulièrement chez les indo-européens. Les travaux de Georges Dumézil, historien des religions et anthropologue français, confirment que la société divine et humaine des indo-européens repose sur la tri fonctionnalité. Le chiffre 3 représente les trois principaux dieux des panthéons indo-européens.
- Dans la tradition gauloise, par exemple, cette trinité est représentée par Teutatès, Taranis et Esus.
- Chez les vikings, cette triade correspond aux dieux Odin, Thor et Freyr.
- Chez les Romains, la Trinité est composée de Jupiter, Mars et Quirinus. La division indo-européenne reflète la division de la société humaine et divine en trois classes différentes et complémentaires.
On trouve les fonctions de souveraineté, de noblesse guerrière et de production et reproduction.
Interprétation
La première, la plus courante, est que les trois branches représentent l'Eau, la Terre et le Feu. Mais d'autre disent qu'il s'agit du Ciel, de la Terre et de l'Eau.
Une autre interprétation possible est que les branches symbolisent les trois principaux dieux de la religion celtique : Lug, Ogme et Dagda. Certains disent encore que les branches symbolisent le sommeil, le rêve et l'éveil. D'autres disent qu'il s'agit du cycle de la vie : enfance, vie adulte, vieillesse peut aussi symboliser le passé, le présent et le futur. Certains se demandent aussi si, tout simplement, le Triskell ne serait pas inspiré du trèfle !
Un signe Chtonien
Le triskel est également un signe chtonien. Il est donc l'expression de la grande déesse, la Terre mère, dans ses trois phases vitales : la jeunesse, l'âge mûr et la vieillesse. La triple déesse couvre ainsi l'aspect symbolique lié au principe cyclique de vie, mort et renaissance. En outre, le triskel laisse apparaître les trois phases du cycle lunaire : la lune croissante, la pleine lune et la lune décroissante. Le triskel relie les hommes à une symbolique de la fécondité et de la fertilité. Ceci se retrouve notamment dans les spirales qui le composent. Le triskel, de par sa relation avec le chiffre 3, symbolise le temps qui s'écoule : passé, présent et avenir.
Dans les traditions païennes du monde gréco-romain et germano-nordique, le devenir et le destin des hommes sont sous la coupelle de trois déesses représentant les trois phases du temps. Trois déesses qui tissent ensemble la destinée des hommes et des dieux. Le triskel possède également une dimension liée à l'axe vertical de l'être humain, celui qui transcende le monde spirituel de tous les êtres vivants. La notion trinitaire liée au triskel fait appel à un ensemble : corps, parole, esprit. Ceci correspond aux trois états vitaux de l'Homme, dont les énergies circulent le long de l'arbre cosmique, matérialisé chez l'être humain par sa colonne vertébrale.